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L’action – Essai d’une critique de la vie et d’une science de la pratique
Lot 1014

L’action – Essai d’une critique de la vie et d’une science de la pratique

Estimation : 150 / 300€
Année : 1893
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Maurice Blondel (1861-1949) est avant tout un philosophe. Il a développé une philosophie de l’action intégrant des éléments du pragmatisme moderne dans le contexte de la philosophie chrétienne. Notre ouvrage est l’édition originale de sa thèse de Doctorat. Le milieu académique de l’époque accueillit peu favorablement cette thèse et Maurice Blondel se vit refuser la chaire de professeur à laquelle il postulait. L’année suivante, grâce aux démarches d’Emile Boutroux, Raymond Poincaré, alors ministre de l’instruction, fit lever le véto et Blondel fut nommé Maître de conférence à l’université de Lille puis, l’année d’après, à Aix-en-Provence. Parmi ses ouvrages, nous pouvons citer : L’Illusion réaliste (1898), Le problème de la philosophie catholique (1932) ou encore L’Etre et les êtres (1935). En 1945, il reçut les encouragements du pape Pie XII pour son influence positive sur la pensée et l’action catholiques.
Blondel s’attache à établir comment, au dessus de la connaissance des faits, se place une sorte de foi dérivée de l’action : « Par son action volontaire, l’homme dépasse les phénomènes ; il ne peut égaler ses propres exigences ; il a en lui plus qu’il ne peut employer seul ».

“Mais comment faire une science de ce qu’est ainsi singulier et indéterminable, de ce qui échappe à toute mesure et à toute représentation, de ce qui est en voie de devenir ? comment déterminer ce qui n’a ni quantité ni qualité, puisqu’on ne peut en analyser les éléments ni même en considérer l’ensemble complexe comme une unité définie, car le caractère de chacun se fait et se modifie avec chaque état successif ? Cet embarras naît peut-être d’une confusion et d’un abus de l’analogie. Prévenu et pénétré par l’idée qu’il se fait habituellement des méthodes de la science positive comme du seul type d’une méthode vraiment scientifique, le psychologue est désireux d’appliquer leurs procédés à la science subjective, sans remarquer qu’elle n’est une science distincte qu’autant qu’elle a une méthode distincte. En s’essayant à ce qu’il nomme des analyses psychologiques, en discutant sur la possibilité et l’emploi de la synthèse ou de l’expérimentation mentale, il pervertit le sens des mots et ne réussit qu’à ébaucher une pseudo-science, parce que, dans l’usage même de sa « méthode subjective », il considère le subjectif comme fait et non comme acte ; il le défigure sous prétexte de l’étudier. Car on n’en pénètre la vivante réalité qu’en se plaçant non pas au point de vue statique de l’entendement, mais au point de vue dynamique de la volonté. Il ne faut pas tenter d’imaginer l’action, puisqu’elle est cela même qui crée les symboles et le monde de l’imagination. La véritable science du sujet c’est celle qui, considérant dès le point de départ l’acte de conscience comme un acte, en découvre par un progrès continu l’inévitable expansion. “

Cet extrait est très important car on découvre l’habileté avec laquelle le philosophe propose à la psychiatrie d’exister comme science sans pour autant en suivre les méthodes d’analyse. La science oui, la même science non. Son message est clair, il faut un nouveau paradigme intellectuel.

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Rapport de condition

In-8, pleine toile de l’époque noire, dos passé, étiquette de bibliothèque, coiffes très frottées, Paris, Alcan, 1893, XXV + 495 pp.