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Masque mortuaire de Charcot
Lot 1021

Masque mortuaire de Charcot

Estimation : 8000 / 12000€
Année : 1893
Illustration

Masque mortuaire en plâtre à patine brune. Patine doré jaune d’ictère. Hauteur: 31 cm largeur 20 cm.

Charcot est mort le 16 août 1893 au lac des Settons au cours d’un voyage d agrément entrepris pour se reposer d’une période harassante de travail avec deux de ses élèves et amis, Isidor Straus et Debove. Il est terrassé par un oedème du poumon et meurt quelques heures après la crise. Ses amis sont désarmés, choqués, par la brutalité de cette attaque. Le masque a été réalisé par Charmet le matin même de l’arrivée du corps à Paris, le 19 août 1893. Debove avait demandé à Brouardel, le père de la médecine légale française et élève de Charcot, des conseils pour réaliser ce masque. Celui-ci lui suggéra immédiatement Charmet. Il voulait en cela suivre les exigences d’authenticité du Maître. Brouardel lui avait dit « si tu demandes aux autres, ils appelleront naturellement Richer », ce à quoi Debove avait rétorqué qu’il voulait avoir un masque du maître tel qu’il avait été et non pas un artefact embelli et magnifié. Paul Richer, neurologue, professeur aux beaux-arts était le « plasticien » de l’école de la Salpêtrière. Quand Charcot avait voulu se faire élire à l’Académie la coutume étant qu’un médecin s’y présente, auréolé, parmi ses titres et travaux, de publications artistiques, littéraires, témoignant d’une sensibilité humaniste c’est vers Richer qu’il s’était tourné pour écrire ses deux publications sur le grotesque, le difforme dans l’art. La neurologie française était alors la première du monde et Charcot, le médecin le plus éminent sur cette terre, le tsar, les tycoons américains, les premiers multimilliardaires, le sultan de l’Empire Ottoman, tout le monde se pressait chez lui. La bataille faisait rage autour du vieux maître, pour prendre sa succession, Déjerine, Pierre Marie, ennemis mortels à la Faculté, Alix Joffroy à Sainte-Anne, Brissaud en embuscade

Debove et Straus quoique amis personnels de Charcot était de « petits » élèves. Il fallait faire vite. Brouardel sensible a leurs inclinations véristes, dépêche à sept heures du matin, le corps à peine arrivé à l’hôtel particulier du Maître, 217 Boulevard Saint-Germain, un jeune mouleur, Charmet qui travaillait pour l’Institut de Médecine Légale de Paris. Le moule est réalisé. Paul Richer arrive, on lui dit qu’il est trop tard. Il en sera tiré trois exemplaires, deux avec cette patine doré pour Debove et Straus, un pour la Faculté avec une patine orangée imitant la chair. Le moule fut ensuite brisé et placé dans la petite chapelle Charcot au Cimetière Montmartre, à côté de la porte de bronze verdi. Debove à sa mort léguera le sien à la Salpêtrière, il est toujours visible dans une petite vitrine à la Chapelle. L’autre fut conservé longtemps dans la famille d’Isidor Straus avant de réapparaitre aujourd’hui. Le troisième, d’abord à la Faculté, fut transporté au Musée d’Histoire de la Médecine. Les voeux de Debove et Straus sont exaucés : nous avons devant nous le maître tel qu’il fut en réalité. Avec cette bouffissure très XIXe siècle du visage, les cernes marqués, les plis, les yeux vides, comme un acteur de théâtre japonais mort à soixante-huit ans, juste un an avant le début de l’affaire Dreyfus qui fera basculer la France dans une autre époque.

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Rapport de condition

Masque mortuaire en plâtre à patine brune. Patine doré jaune d’ictère. Hauteur: 31 cm largeur 20 cm.

Ultra-rarissime puisque seul ce masque du maître Jean-Martin Charcot est disponible à la vente.