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Folie ou Sainteté
Lot 1037

Folie ou Sainteté

Estimation : 100 / 200€
Année : 1883
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Folie ou saintete, Drame en 3 actes et en prose, par Joseph Echegaray ; Traduction de Edouard de Huertas ; Représenté sur le Théâtre espagnol de Madrid le 22 janvier 1877. 

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« Le chef-d’œuvre de ce genre de dissertations dramatico-sentimentales sur des cas de conscience, c’est, à mon goût, le beau drame intitulé Ou folie ou sainteté (O locura ó santidad). Le héros est une sorte de philosophe, enthousiaste de justice, grand admirateur de ce fou sublime de Don Quichotte, qui s’en allait par le monde, insensible aux coups, et môme au ridicule, pour redresser les torts et faire triompher la vertu. Par extraordinaire, cet honnête homme est heureux : sa fille Inès va épouser Eduardo, fils de la duchesse de Almonte. Il est clair que cela ne peut durer. Et en effet, son bonheur s’écroule tout à coup. Il apprend qu’il n’est pas ce qu’il croyait être, que son nom même ne lui appartient pas, que sa fortune n’est pas davantage à lui. Il n’est point Lorenzo de Àvendano, mais bien un enfant supposé, fils pitoyable d’une pauvre servante, qui, par misère et par amour maternel, s’est prêtée à cette substitution. Et pour qu’il n’en puisse douter, c’est cette servante elle-même, sa mère, qui lui révèle ce secret et lui en donne des preuves irrécusables. Le coup est rude. Lorenzo n’hésite pas une minute. Cette fois du moins le conflit * est hardiment tranché. Dût-il tout perdre à la fois, ruiner les siens, détruire à jamais le bonheur de sa fille tant aimée, le devoir parle, il faut lui obéir. Il faut tout restituer. Cependant, l’invraisemblance des événements romanesques qu’il raconte, son exaltation mystique, son entêtement à ne rien vouloir écouter, tout cela étonne, inquiète parents et amis. Ne serait-il pas fou ? Ce cerveau, échauffé déjà par ses lectures et ses rêves humanitaires, ne se serait-il pas détraqué tout à fait ? Sur ces entrefaites il demande qu’on fasse venir un notaire, afin de faire une renonciation de tous ses biens, et une restitution solennelle au légitime possesseur. Devant les hommes de loi, il dissipera tous les doutes ; il donnera les preuves qu’on lui réclame et qui sont là sous enveloppe.

Au lieu du notaire et des hommes de loi, c’est un médecin aliéniste, ce sont des loqueros ou gardiens des fous qu’on fait venir. La scène est pénible ; elle a, paraît-il, froissé le public à la première représentation. Mais Avendano marche d’un front serein au sacrifice ; il prend les papiers, rompt l’enveloppe… et ne trouve qu’une feuille blanche. Tous se taisent, convaincus que cette preuve n’a jamais existé que dans l’imagination malade de Lorenzo. Elle existait cependant. Mais la mère, enrayée de son œuvre, lui a substitué une simple feuille, ce qui doit, pense-t-elle, tout sauver. Puis elle est morte, très opportunément pour que la vérité ne puisse plus se faire jour. Plus de doute : Avendaño est devenu fou. En vain sa fille, comprenant qu’il y a là quelque horrible mystère, se jette-t-elle à son cou en déclarant qu’elle ne l’abandonnera jamais ; on les sépare, et les affreux loqueros s’emparent du malheureux. C’est un homme à jamais perdu. L’horreur de ce dénouement apparaît, je crois, même dans une analyse forcément dépouillée de tout le pathétique dont Echegarayuse si largement. S’il choisit d’ailleurs la solution la plus pessimiste, ainsi que nous l’avons déjà constaté, ce n’est certainement pas par suite de quelque parti pris philosophique, mais simplement parce que cette solution est la plus dramatique, celle qui produira sur les spectateurs le plus d’effet. »

In José Echegaray et son œuvre dramatique, pages 267 et 268, d’Ernest Mérimée.

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Rapport de condition

Paris, 1883, Société Anonyme des Imprimeries Réunies. Edition originale. 144 pages. Demi-maroquin à bandes rouges, plats cartonnés jaspés de rouge, beige et bleu. Envoi du traducteur Edouard de Huertas : « A Monsieur Paul Mirabaud en témoignage de considération – 27 février 1906 ». Ex-libris de Rob. De Billy : Billy, Robert de, (1894-1991), ambassadeur itinérant de l’Ordre souverain de Malte, le comte Robert de Billy a fondé en 1946 la Maison de l’Amérique latine, qu’il a présidée jusqu’en 1982.