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Histoire de France San Antonio
Lot 2068

Histoire de France San Antonio

Estimation : 10 / 20€
Année : 1964
Illustration

Description

Edition originale.

« Comme le langage, l’Histoire se doit de rester vivante ; c’est pourquoi je me suis attaché à en secouer la poussière, à en « plumeauter » les toiles d’araignée, à en dédorer les tranches, les couronnes et les auréoles et à la saupoudrer d’éclats de rire. Un petit travail de réfection, quoi ! »

C’est par ces quelques lignes que Frédéric Dard (qui signe son livre San Antonio) présente son livre à ses lecteurs dès la quatrième de couverture. Son Histoire de France de quelques centaines de pages, dont la couverture est peuplée des petits bonshommes sympathiques et colorés de Dubout, a de quoi attirer l’attention ! Avec cet ouvrage, Frédéric Dard publie une Histoire de France vue par Bérurier, un personnage phare de sa série de romans policiers à succès San-Antonio. A première vue, c’est une Histoire de France en règle, qui suit les étapes historiques telles qu’elles sont enseignées dans les livres d’école… mais elle est racontée de la perspective de Bérurier et de ses ancêtres, et traversée d’un humour décapant, original et appréciable pour un livre qui aborde l’histoire. L’avertissement qui figure en tête de l’ouvrage ne fait que titiller davantage l’intérêt du lecteur, piqué par l’humour vif de l’auteur et par sa façon d’interpeller le lecteur tout en se moquant de lui… « Ce livre a ceci de commun avec le très respectable Annuaire des Téléphones, c’est qu’on n’est pas obligé de le lire en commençant par le commencement. […] Si vous n’avez aucune idée préconçue et si vous ne faites pas de différence entre Charlemagne, Napoléon III ou Charles XI (vous n’êtes pas forcément intelligent) ouvrez donc ce bouquin n’importe où et laissez-vous aller […]. »

Et pour inviter le lecteur à se « laisser aller », Frédéric Dard choisit Albert Dubout pour illustrer son ouvrage. Avec ses petits personnages ronds, ses foules innombrables et les situations grotesques qu’il sait si bien mettre en scène, Dubout réussit à transmettre dans ses dessins l’humour décalé de Frédéric Dard, et à y ajouter sa toucher personnelle pour que le sourire esquissé à la lecture se transforme en rire lorsque l’on regarde l’illustration.

Cet ouvrage obtiendra le record du nombre de ventes de l’année à sa parution, en 1964, avec 350 000 exemplaires tirés. En tout, il a été tiré en France à près de deux millions d’exemplaires. L’insistance de San Antonio sur des anecdotes amusantes de la vie des personnages, couplée à une verve humoristique sans pareille et aux dessins satiriques délirants d’Albert Dubout, rendent immédiatement l’histoire de France plus sympathique, pour le plus grand plaisir du lecteur embarqué dans l’aventure.

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Auteur

Outre pour les polars « San Antonio », Frédéric Dard utilise son pseudonyme « San Antonio » pour les (neuf) aventures de Bérurier, notamment « Le Standinge selon Bérurier » de 1965, « Béru et ces dames » de 1967, ou encore « Béru-Béru » en 1970. Il parait aux Editions du Fleuve noir, éditeur avec qui Frédéric Dard travaille pour les aventures de San Antonio. Cette collaboration nait d’une découverte « chez un bouquiniste d’un ouvrage en solde publié par un petit éditeur de province et signé San-Antonio. C’était un roman policier rédigé dans une langue fantaisiste, plus gouailleuse et insolente que véritablement argotique. L’ayant lu, Armand de Caro se mit à la recherche de l’auteur (…).Il le persuada qu’il tenait là une veine à exploiter et, en dix ans, fit de San-Antonio l’auteur le plus vendu de l’Edition Française. » (in San-Antonio, L’histoire de France vue par San-Antonio, Ed. Du Fleuve noir ).

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Albert Dubout (1905-1976) est sollicité dès 1929 par les Editions Kra, un choix audacieux de la part de cette dernière qui lui confie étonnamment l’illustration de textes classiques. Une voie qu’il le contraindra dans ces choix esthétiques l’obligeant parfois à coller au texte. Dubout affirmera notamment que le travail de « miroir du texte » effectué pour « Clochemerle » ne lui avait pas plu. A contrario des dessins qu’il commet pour les journaux, cette formule éditoriale lui tient à coeur. « Il y avait une bien plus grande liberté de moyens que dans le tyrannique dessin de presse. On comprend par exemple que les délais toujours précipités des rédacteurs de journaux aient peu convenu à ce dessinateur qui aimait à représenter mille têtes différentes sur son papier à ajouter toujours de nouveaux accessoires, à fignoler sans cesse » (in MELOT Michel, « Dubout », Edition Michèle Trinckvel, Montrouge, 1979).

« Il est certainement l’un des artistes les plus influents de toute une génération de dessinateurs et illustrateurs » (in Dubout.fr) et à ce titre possède des caractéristiques reconnaissables comme un tracé tout en rondeur, des compositions chamarrées qui complimentent l’aspect drolatique des scènes de vie qu’il nous dépeint. Héritier sans le vouloir de Jérome Bosch, Dubout agrémente ses productions d’un grand nombre de personnages participant à la fois à des micro-scènes et à l’action principale. Ces attributs se parent d’un goût pour des illustrations grivoises, caricaturales parfois tumultueuses, rendant ses personnages attachants tels que ceux du Petit Bonhomme et de la Grosse Dame. Ces derniers ne sont pas sans rappeler son affection pour sa région natale, le sud de la France, et particulièrement Marseille.

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Dubout est un produit « made in France » par excellence : régionaliste, authentique, bon-vivant, éduqué et talentueux. Il fut élève aux Beaux-Arts de Montpellier, puis il s’installe à Paris. Il se passionnera pour la foule des grands magasins et des transports qu’il aime croquer et caricaturer. Il publie ses premiers dessins dans « Pêle-Mêle », puis s’en suivront des collaborations avec différents magazines et journaux tels que « Ric et Rac », « Marianne », « La Bataille » et « Ici Paris ». Dubout réalise également des affiches pour le cinéma, la publicité et le théâtre comme celle de « César » de Marcel Pagnol. Sa passion pour le cinéma est tenace, il réalise plusieurs films d’animations « Anatole fait du camping » et « Anatole à la tour de Nesle » en 1947 et longs métrages « La Rue sans loi » en 1950 et « Anatole chéri » en 1954.

Albert Dubout « a illustré plus de 80 ouvrages dont le dernier a paru après sa mort. Il a publié 27 albums et créé 80 affiches de cinéma et de publicité. Par ailleurs, il a réalisé 70 peintures à huile dont les fameuses Corridas avec leurs ombres et lumières ainsi que les Toreros » (in Dubout.fr).

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Rapport de condition

Edition originale. Paris, Fleuve Noir, 1964. In-12, relié avec cartonnage de l’éditeur, illustration couleurs sur le premier plat, 7 illustrations en noir et blanc, 446 pages.